
Cette enquête sur les lieux-dits de Ballan-Miré s’attache à répondre à la curiosité de tous ceux qui portent un intérêt particulier au respect du patrimoine. Réalisée par l’Association des Amis de la Bibliothèque Municipale de Ballan-Miré, elle doit aider à mieux se situer dans son milieu.
Cette « mémoire des lieux » demande à être déchiffrée avec prudence, quand elle peut l’être. Mais elle offre un passionnant terrain d’exploration à tous les curieux d’histoire locale.

De la révolution politique qui balaya l’Ancien Régime à la révolution mécanique des temps modernes, l’histoire de Ballan-Miré pourrait paraître banale au regard de ceux pour qui le passé n’a d’intérêt qu’autant qu’il est riche d’événements singuliers. Rien de tel dans une commune qui a été épargnée par les catastrophes à défaut d’échapper aux difficultés de la vie, et où les affrontements ont rarement dépassé les sages limites de la querelle de clocher. Cette large rétrospective n’est pas seulement fondée sur les documents conservés dans les archives publiques ou privées. Elle est aussi nourrie des nombreux témoignages qu’ont bien voulu nous confier les plus anciens Ballanais. Souvenirs précieux, enfouis au plus profond des mémoires, dont il importait de fixer la trace.

Si l’histoire des fermes ballanaises renvoie souvent à une époque révolue, elle montre aussi que le déclin plus ou moins rapide des activités agricoles traditionnelles est moins une défaite qu’un défi. La ruralité nouvelle qui se met en place sous nos yeux pourrait être le prélude d’un renouveau. Elle répond en tout cas à un besoin d’équilibre et de nature qui s’affirme de plus en plus, comme n’a cessé de le prouver l’intérêt que ce travail a rencontré auprès d’un large public.

…parmi les quelques 3500 ouvrages recensés dans le fonds de livres scolaires, les ouvrages de lecture, ceux avec qui les générations précédentes d’enfants ont appris à lire et à découvrir la langue française, occupent une place privilégiée.
Au-delà de l’imaginaire collectif et de l’attachement au côté désuet de ces manuels, la lecture et l’étude des ouvrages révèlent une démarche pédagogique mais aussi politique que l’on peut percevoir dans cette phrase : « Savoir lire : de cette conquête décisive, l’École de la République a fait un devoir impérieux. Honte à l’élève qui se dérobe à cet effort et qui, tout penaud, se révèle incapable de venir en aide à une pauvre femme dont les yeux usés ne peuvent déchiffrer la lettre envoyée par son fils soldat ».
La lecture n’est pas un jeu, « mais le moyen d’enrichir ses connaissances et de former son jugement », à tel point que certains ouvrages rappellent franchement les ouvrages de science naturelle ou d’histoire…c’est le livre idéal, le livre source, qui donne à la lecture son plein sens.
…cette édition scientifique et bibliographique constitue le point d’orgue de la Semaine de la langue française 2007.
Mes remerciements vont tout particulièrement aux auteurs de cet ouvrage et notamment à M. Chupeau, professeur honoraire de l’Université de Tours et son équipe de l’Association des Amis de la bibliothèque de Ballan-Miré, ainsi qu’aux conservateurs de la Direction Départementale des Bibliothèques et de la Lecture qui ont imaginé cette publication et accompagné les chercheurs tout au long de cette aventure.
Marc Pommereau Président du Conseil Général d’Indre- et- Loire

Mais quand les langues vont bon train,
Quand on évoque, verre en main,
Les bons moments de sa jeunesse,
Quand Pierre, Gisèle ou Roger
Entreprennent de révéler
Ce qu’on ne dit point à confesse,
Ne boudons pas notre plaisir :
La saveur de ces souvenirs
Nous comble d’allégresse,
Et tous ces contes du bon temps
Font la nique aux grincheux qui voudraient faire croire
Que les habitants de Ballan
Sont des gens sans histoires.

« Sages comme des images » : de cette expression lancée un jour par l’un des Amis de la Bibliothèque municipale de Ballan-Miré est née cette exposition dont le sous-titre précisait l’objet : « L’écolier modèle dans les manuels scolaires (1880-1970) ». Il a semblé judicieux de l’accompagner de cet opuscule qui vise surtout à mettre à l’honneur ceux qui sont souvent peu considérés, voire complètement oubliés, dans les manuels scolaires : je veux parler des illustrateurs. Le fonds du Conservatoire du livre scolaire était l’outil indispensable pour mener à bien notre quête, même si nous l’avons limitée à quelque quatre-vingts manuels, ceux qui faisaient une belle place à l’écolier et à son image. L’action conjointe de la Direction du Livre et de la Lecture Publique d’Indre-et-Loire et de notre association ballanaise a permis d’atteindre l’objectif fixé à la création, en octobre 2004 : la collection répertoriée dans les locaux de Tours dépasse aujourd’hui 5000 ouvrages. Ce seuil, qui paraissait alors bien ambitieux, a été franchi surtout grâce aux multiples dons obtenus après une campagne active de promotion.
Quatre ans après avoir réalisé et présenté l’exposition « Ces livres qui ont formé la France : un siècle de manuels scolaires (1870-1970) », exposition qui fut à l’origine de la création du Conservatoire du livre scolaire, l’association des Amis de la Bibliothèque municipale de Ballan-Miré se félicite du partenariat qui s’est développé avec la DLLP et les services graphiques du Conseil général, permettant à cette publication de voir le jour.
Je souhaite qu’elle ouvre la voie à de nombreuses autres réalisations que les trésors du Conservatoire contiennent en germe.
Jacqueline Fayolle Présidente de l’association

« La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie. », écrivait Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe. On peut contester cette affirmation, tout comme on peut s’inquiéter de « l’inflation mémorielle » actuelle qui pourrait empêcher notre vieille nation de se projeter vers l’avenir. Mais laissons là ces débats intellectuels pour revenir au domaine du sensible : pouvoir retrouver, le temps d’une lecture, les noms, les prénoms, les ambiances, les mots des temps révolus est d’abord une émotion. Nous voyons ressurgir devant nous les hommes et les femmes qui nous ont précédés dans les lieux où nous sommes. Nous percevons quelque chose de leurs espérances, de leurs joies et de leurs peines. Nous donnons du prix à leurs existences, et comprenons par là-même que les générations futures donneront peut-être du prix à la nôtre lorsque nous serons à notre tour l’objet de documents sur la vie d’autrefois.
C’est à ce précieux travail, et avec la volonté de nous procurer cette émotion, que s’attellent depuis des années « Les Amis de la Bibliothèque » de Ballan-Miré. Après les très beaux ouvrages consacrés aux Gens d’autrefois, et que nous avons toujours plaisir à offrir à nos visiteurs de passage, voici donc une monographie consacrée à la vie municipale depuis deux siècles.
Ce nouveau projet est né d’une circonstance particulière : lorsque j’ai été élu Maire en 2008, j’ai souhaité que l’on retire des murs de l’hôtel de ville les plaques qui commémoraient les maires successifs de la commune depuis le XIXe siècle car ces plaques, bizarrement conçues pour chaque régime, faisaient malencontreusement figurer les symboles du régime abject de Vichy dans les lieux où nous tenons les conseils municipaux et célébrons les mariages. J’avais souhaité alors que la pose d’une nouvelle plaque s’accompagne d’une exposition retraçant les grandes étapes de la vie municipale et confié cette tâche aux Amis de la Bibliothèque, qui s’en sont acquittés avec leur passion et leur sérieux habituels. Le présent ouvrage est la suite naturelle de cette petite histoire.
Ballan-Miré a évidemment beaucoup changé depuis l’époque de Jacques-Aimé Mahiet et Louis Marie François Gautreau, et même, il faut bien le dire, depuis la jeunesse des retraités actuels qui y sont nés. Le village rural de quelques centaines d’âmes a laissé place à une commune périurbaine de 8 000 habitants résolument inscrite dans l’agglomération tourangelle. On verra toutefois, à la lecture de ces souvenirs, que l’actualité municipale y a toujours été vivante et parfois agitée. À la lecture de certaines pages, j’ai été frappé des similitudes avec des situations ou des problématiques que j’ai eues à connaître dans le présent mandat. Peut être que, dans ce domaine de la vie municipale, une identité collective ballanaise perdure et se transmet de générations en générations ! Merci en tout cas encore aux Amis de la Bibliothèque de nous offrir cette merveilleuse exploration dans notre passé commun.
Laurent Baumel Député-maire de Ballan-Miré

Jean-Baptiste Perchaud a connu un parcours remarquable. Né en 1901 dans une famille pauvre de Ballan, il est « placé » dès 13 ans dans diverses fermes de la commune. En juin 1914, il passe brutalement de la vie familiale difficile, mais malgré tout heureuse au statut de travailleur agricole avec des horaires et des travaux identiques à ceux des adultes. De plus, les hommes très jeunes et les vieux doivent remplacer les mobilisés : une période difficile pour un adolescent. Mais c’est à Paris qu’il fera carrière à la RATP à partir de 1921. À l’heure de la retraite, il revient au pays et s’engage dans la vie municipale en devenant maire en 1959. Il enchaîne trois mandats successifs pendant lesquels il aura la lourde tâche d’assurer la transformation d’une commune rurale de 1500 habitants en collectivité suburbaine d’une population double en 1977. Retiré de la vie publique, Jean-Baptiste Perchaud a raconté son enfance et sa jeunesse ballanaise dans un modeste petit cahier d’écolier, illustré de dessins naïfs de sa main.

L’amour de la langue française anime ces trente et une chroniques parues dans le magazine municipal de Ballan-Miré au cours des dix dernières années, et rassemblées ici pour honorer la mémoire de Jacques Chupeau. On y retrouvera, jointe à un authentique talent d’écrivain, la subtile alliance d’érudition, de rigueur intellectuelle et d’humour qui rendait l’homme si original et si attachant.

Ils avaient vingt ans ces conscrits. Ils figurent sur la photo datée de 1917, œuvre d’André Mauxion, inventeur-musicien-photographe, installé à Ballan-Miré à cette époque. Depuis 2016, ce cliché a été la référence pour les réalisations présentées par les Amis de la Bibliothèque de Ballan-Miré.D’abord, en 2016, une première exposition présentait la commune avant et durant la Grande Guerre. Puis, en 2018, une seconde tire les conséquences de ce conflit meurtrier et rend hommage à ses enfants Morts pour la France. Enfin, deux ouvrages : un livre, riche en documents d’archives, dont le cadre forcément plus large permet de donner au lecteur l’image la plus fidèle possible de Ballan-Miré, et la présente publication, sous forme de B.D., qui devrait permettre aux plus jeunes d’appréhender la vie de leur commune durant ces années sombres.

Il y a un siècle, des Ballanais ont payé de leur vie la défense de notre pays, de notre nation, et de notre liberté. Un siècle, cela peut paraître bien lointain. Pourtant ces noms, ces visages, ces lieux, recueillis dans ce poignant ouvrage nous sont tellement familiers, comme ces rues qui n’ont finalement pas changé tant que cela.
Ils avaient vingt ans, ces Ballanais qui ont quitté les leurs pour l’inconnu, pétris de la fierté de se battre pour leur pays, pour leur famille, sans savoir qu’ils plongeraient dans l’horreur d’une guerre qui durera quatre ans, et dont beaucoup ne reviendraient pas. Ils ont donné leur vie, leur jeunesse, leur innocence. Et pour ceux qui retrouveront Ballan-Miré, rien ne sera plus comme avant.
Leur rendre hommage, garder vivace leur souvenir, entretenir la mémoire de ces hommes, mais aussi de leurs proches, est une œuvre importante. L’association des Amis de la Bibliothèque a fait montre de toute son exigence pour y parvenir avec talent. Le travail documentaire et iconographique est d’une très grande qualité, rendant de façon extrêmement vivante l’évocation de ce moment douloureux de notre Histoire. Ce livre nous fait dès lors revivre, à travers l’histoire de notre ville, ce temps où la souffrance succéda à l’insouciance, tout en revisitant ce conflit qui modifia en profondeur la société française.
Il y a un siècle, ils avaient vingt ans et, loin de leur foyer, ils sombrèrent dans l’enfer de la guerre.
Alexandre CHAS
Maire de Ballan-Miré

Pendant longtemps, les Ballanais se contentaient, pour préciser leur lieu de résidence, d’indiquer le bourg ou bien le nom d’un lieu-dit appartenant aux écarts. Cette mention était suffisante pour localiser chacun sur un espace bâti restreint. Vers la fin du XIXe siècle, le besoin de nommer les quelques rues du bourg s’impose. Au fil des ans, les conseils municipaux successifs ont poursuivi ces choix qui façonnent le visage actuel de notre commune avec plus d’une centaine de rues, une cinquantaine d’impasses, quelques places, avenues ou boulevards.